La joie est immense lorsque la petite Chiara montre le bout de son nez le 29 octobre 1971 dans la famille Badano. La fillette grandit dans un climat familial aimant. En 1980, Chiara découvre les Focolari. On y prêche un « idéal ». Elle est tout de suite attirée par cette manière de vivre : mettre Dieu au centre de sa vie et vivre l’unité de façon concrète. Elle se lie alors au groupe des Gen 3 (jeunes de 9 à 16 ans).
Chiara est belle : son regard limpide attire. Elle aime la vie et pratique différents sports : tennis, natation, danse, promenades dans les montagnes avec son père… Sa joie intérieure jaillit par les chants qu’elle aime entonner. Toujours entourée d’amis, sa présence attire. Elle les retrouve le soir dans son village, devant le café. Sa présence parmi eux est témoignage. Non, je ne parle pas de Dieu. […] Ce n’est pas parler de Dieu qui compte, moi je dois le donner.
Fin de l’été 1988 : Chiara joue au tennis. Une douleur à l’épaule revient fréquemment. Celle-ci se fait de plus en plus aiguë. Des recherches plus approfondies permettent au corps médical de trouver la maladie : ostéosarcome avec métastases. Les examens, les attentes, les rechutes, les améliorations, les hospitalisations se succèdent. Elle se soumet, et continue son chemin de vie authentique.
Arrive le temps de la longue chimiothérapie. Chiara comprend alors la gravité de son mal. Sa maman raconte : « Je vois encore Chiara arriver dans le jardin… Elle a le regard fixe… Je lui demande comment ça s’est passé. Non, pas maintenant, ne me parle pas maintenant. Elle se jette sur son lit les yeux fermés. Elle reste comme ça vingt-cinq minutes. Puis elle se tourne vers moi : Maintenant tu peux parler. Ça y est, elle a redit son oui. Et elle ne revient plus en arrière. Son sourire revient. Après avoir demandé à Jésus : Pourquoi ? Elle continue : Si tu le veux, Jésus, je le veux moi aussi. » Ses yeux sont tournés vers le Christ, elle sait, où elle va. Sa souffrance a un sens.
Chiara vit sa maladie en union avec la Passion du Christ. Alors que ses veines éclatent sans cesse, à force de subir des perfusions, une infirmière découvre une veine encore bonne. Elle demande alors à Chiara de rester immobile. Si elle bouge le doigt, l’aiguille sautera et ils ne pourront faire la thérapie. Pendant trois jours, Chiara reste sans bouger ; devant l’aiguille qui ressemble à un papillon posé sur son bras, elle dit : Pour moi, c’est une petite épreuve, même si ça me fait mal et que j’ai envie de bouger le doigt. Pour résister à cette tentation, je me dis que ce papillon est l’une des épines que Jésus avait sur la tête.
La médecine baisse les bras et affirme son impuissance. Chiara souffre atrocement. Elle sait que seul un miracle peut la sauver. Pourtant, elle écrit : Je n’arrive pas à le demander. Peut-être que cela vient de mon impression que cela ne rentre pas dans sa volonté ? J’ai hâte d’aller au paradis…mais est-ce que ce n’est pas encore un attachement, quelque chose à perdre ? Elle prépare alors dans les moindres détails la fête de ses noces, vivant ces moments comme des fiançailles.
À sa maman, elle adresse cette recommandation : Quand tu me prépareras sur mon lit de mort, maman, tu devras toujours te répéter : « Maintenant, Chiara Luce voit Jésus. » Son état s’aggrave. Elle offre encore ses souffrances. La veille de sa mort, elle dit au revoir à ses amis : Il faut avoir le courage de mettre de côté ambitions et projets qui détruisent le vrai sens de la vie, qui est seulement de croire à l’amour de Dieu. Ses dernières paroles sont pour sa maman : Ciao ! Sois heureuse, parce que je le suis.Dimanche 7 octobre 1990, Chiara Luce rejoint son Bien-Aimé. Les gens arrivent en foule chez les Badano. Malgré les larmes, c’est la fête : croyants et incroyants viennent auprès d’elle. Plus de deux mille personnes se rassemblent pour les funérailles. Les témoignages parlent d’une atmosphère de joie, de paradis. Un ami confesse : « Pour la première fois, j’ai réussi à être sûr de l’amour de Dieu. »