Voici une autre dissertation, cette fois sur la liberté, écrite par Chiara Badano, qui sera béatifiée en septembre. Des réflexions qui révèlent sa sensibilité, y compris face à des événements historiques qui se déroulaient juste à ce moment-là, comme ceux de la place Tien’anmen.
Nous sommes en 1989. Peu de temps avant ont eu lieu les affrontements sur la place Tien’anmen. Certains événements annoncent la chute du Mur de Berlin, en particulier le début de l’exode des Allemands de l’Est, dès le 11 septembre. Entre-temps, en Afrique du Sud, on combat silencieusement l’apartheid, grâce à l’avènement du nouveau président, Frederik De Klerk.
Chiara Badano est déjà malade, mais elle continue à étudier, malgré les épreuves physiques. L’enseignante qui la suit lui donne, à ce propos, une dissertation sur la liberté, dans laquelle la jeune fille exprime une profonde sensibilité.
«Les journaux, la télévision et les médias en général nous parlent souvent de liberté; nous en avons une douloureuse illustration dans les événements survenus récemment sur la place Tien’anmen. La photo de ce jeune, immobile devant un char armé, est l’emblème d’une recherche souvent désespérée et héroïque qui pousse les jeunes d’aujourd’hui à lutter jusqu’au péril de leur vie.
En feuilletant les journaux de ces derniers jours ou en allumant la télévision, nous sommes touchés par cette marée de réfugiés qui quittent les pays de l’Est, oubliant les dangers dans leur course vers la liberté, et aussitôt nous pensons à la lutte silencieuse et tenace du peuple sud-africain.
Liberté en tant qu’égalité, et donc en tant que disparition de toute forme de racisme; liberté comme pouvoir d’autodétermination des peuples; liberté d’expression, de pensée, de religion; liberté affranchie du besoin, comprise comme le droit de disposer des moyens de subsistance, et je parle ici de cette partie de la population qui, aujourd’hui encore, meurt de faim, de ces personnes que l’on prive de la principale liberté: celle de vivre.
La recherche de la liberté et la lutte pour la conquérir est une constante dans l’histoire du chemin des hommes; un chemin non encore achevé, un but qui reste à atteindre, même si beaucoup de barrières se sont déjà écroulées.
Nous, Occidentaux, héritiers des idées de la Révolution américaine et de la Révolution française, formés à des principes dictés par le christianisme; nous qui vivons dans des États démocratiques, peut-être croyons-nous avoir accédé à la liberté. Mais est-ce vraiment le cas?
Même s’il tend constamment vers ce bien commun, l’homme, en cherchant à s’affranchir de certains interdits, se rend esclave de lui-même à travers la course à la consommation, au bien-être, à travers la recherche acharnée du pouvoir.»
(Dissertation tirée de l’ouvrage «Io ho tutto». I 18 anni di Chiara Luce, de Michele Zanzucchi, Città Nuova 2010)