Nous rapportons, en plusieurs volets, quelques anecdotes de la vie de Chiara Luce Badano encore adolescente, écrites ou racontées par elle-même aux autres jeunes filles avec qui elle partageait l’idéal évangélique de l’unité. Ces anecdotes, qui datent des années 1983 à 1985, sont conservées dans les archives du mouvement des Focolari de Gênes.
Qui sont les gen 3
“Pour construire des villes nouvelles et un monde nouveau, il ne suffit pas d’avoir des techniciens, des scientifiques et des politiques, il faut des sages, il faut des saints.” C’est par ces mots que Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, s’était adressée dès 1971 aux gen 3, la troisième génération du mouvement des Focolari (les jeunes de 9 à 17 ans), venus de plusieurs pays pour participer ensemble à un congrès à Rocca di Papa. Elle leur avait donné comme protecteur l’Esprit Saint (le sanctificateur, ndlr), et elle avait ajouté: “Vous devez donc être une génération de saints.” *
Un projet de vie que Chiara Luce fait sien dès l’âge de 9 ans, en commençant à en vivre la spiritualité qu’elle partage avec d’autres jeunes de son âge. Ensemble, ils accomplissent “le saint voyage”, un cheminement personnel et collectif: le but est de s’aider réciproquement dans la réalisation du dessein d’amour que Dieu a sur chacune d’entre eux. C’est pourquoi ils s’emploient à aimer Dieu en faisant Sa volonté dans les divers aspects de leur vie. En trouvant en Jésus leur modèle, ils vivent les paroles de l’Évangile chacun de leur côté et en unité, afin d’être d’autres petits Lui sur la terre. Ils l’aiment dans le prochain et cherchent à mettre en pratique le commandement de l’amour réciproque, toujours prêts à recommencer après chaque échec.
Le point d’ancrage de leur vie est Jésus qui, sur la croix, fait l’expérience de l’abandon de son Père; c’est leur plus grand ami, dont ils découvrent la présence dans les petites comme dans les grandes souffrances de leur existence.
Ils se retrouvent régulièrement en petits groupes, les unités gen, caractérisées par l’approfondissement de la spiritualité qui les anime, et par des moments de partage d’expériences. En laissant s’exprimer leur créativité, ils lancent les initiatives les plus diverses, avec pour objectif d’irradier l’amour évangélique au milieu des jeunes de leur âge et de transformer le monde qui les entoure.
Flash sur la vie de l’”unité gen” – Albissola, 18 novembre 1983
Très chère Ivanna,
La rencontre que nous avons eue jeudi a été, selon nous, une de nos plus belles rencontres de l’unité gen 3, peut-être parce que nous l’avons “payée” toutes les trois. En effet, cette rencontre était prévue de longue date, mais juste au dernier moment, nous avons appris qu’il y avait une grève des bus, et donc, ceux qui allaient à Sassello ne circulaient pas non plus. Tous nos plans tombaient à l’eau, mais Titti s’est proposée pour nous accompagner en voiture. À notre arrivée à Sassello après de nombreuses péripéties, Chiara nous a accueillies chez elle avec une immense joie. Nous avons aussitôt débuté notre rencontre par le partage de nos expériences. Chiara nous dit :
L’autre jour, j’ai remplacé maman en allant dormir chez mes grands-parents qui ne vont pas très bien. J’aurais bien voulu aller me coucher parce que j’étais un peu fatiguée, mais j’ai pensé que, comme j’ai le sommeil profond, si mes grands-parents avaient besoin d’aide, je ne les entendrais pas. Alors, je suis restée éveillée, même si cela me coûtait un effort, en offrant tout à Jésus Abandonné. Et effectivement, dans la nuit, mon grand-père s’est levé et j’ai pu l’aider. Le matin, j’étais un peu fatiguée, mais très heureuse.
Et puis, il y a quelques jours, j’ai reçu une lettre de Marita, la petite sœur de Lorenza, qui habite à Albenga. C’était une lettre très triste et je sentais que je devais l’aider à remonter la pente. Avec papa et maman, nous avons décidé d’aller voir cette famille qui avait traversé un moment difficile, et cela a été très beau. J’ai pu rester avec Marita, cela lui a fait très plaisir et à moi aussi.