Chiara Luce commence à collectionner les échecs scolaires qui l’obligent à redoubler. Ils ont le goût amer de l’injustice. Mais cela n’entame pas son moral, qui puise à des racines bien plus profondes.
“Au lieu d’un bon 12, j’ai eu 9 et demi” – «En ce moment, comme vous le savez, à l’école, ça ne va pas fort. En plus, ces derniers temps, ma prof d’italien m’a prise en grippe. Un jour, elle m’a interrogée en géeographie, et comme j’avais bien révisé, je ne m’inquiétais pas. J’ai répondu à toutes ses questions, et quand je suis retournée à ma place, j’étais sûre d’avoir un bon 12. À la pause, je vais lui demander ma note, et elle me répond que j’ai 9½. J’ai failli fondre en larmes et j’étais très triste. Pendant l’heure suivante, une de mes camarades me dit que son papa devait venir la chercher à l’école et qu’il serait content de me dire bonjour et de faire ma connaissance. J’ai été d’accord. Je me suis dit en moi-même que je ne pouvais pas le saluer en étant si triste, mais que c’était une bonne occasion d’embrasser Jésus Abandonné en me mettant à aimer les autres. Quand je l’ai salué, j’ai essayé de le faire avec tout l’amour possible.
Le lendemain, ma camarade m’a dit qu’elle avait expliqué à son papa ce qui m’était arrivé à l’école, et qu’il lui avait répondu qu’au moment où je lui avais dit bonjour, il avait été frappé par la joie que j’avais sur le visage; pour moi, c’était comme si je redécouvrais que Jésus nous donne beaucoup de fruits quand on va vers les autres.»
Albissola, 4 juin 1986
Au congrès international Gen3 (2010), sa maman raconte qu’à ce moment, ses camarades se sont levés et ont dit: “Madame, vous ne pouvez pas faire ça!” Celle-ci a répondu: “Le professeur, c’est moi!” Cela a été la première grande souffrance de Chiara (aussi parce que cette interrogation pouvait être décisive pour le passage, ndlr).